Préparation du projet
Jusqu’en 1830, la commune ne possède aucune classe. Seuls les enfants de quelques familles aisées bénéficient d’un peu d’instruction, soit à domicile, soit par scolarisation à la Roche sur Foron. Vers 1830 arrive une institutrice qui reçoit pour classe la salle consulaire de la mairie, c’est-à-dire le rez-de-chaussée du presbytère. Et pour tout mobilier, une chaise et une table. L’institutrice est logée à ses frais et son salaire n’est pas inscrit au budget municipal, les parents la rétribuant selon leur fortune. En 1864, elle est remplacée par un instituteur breveté et payé désormais par la commune, 400 francs par an, plus 60 francs de frais de logement. L’école est mixte et toujours installée dans le local du presbytère.
Construction d’une mairie-école au chef lieu
En 1863, le conseil municipal décide de faire construire une mairie-école au chef-lieu, avec la promesse d’en édifier une dans le haut de la commune dès que les moyens le permettront. Il vote également l’achat d’un mobilier personnel à l’instituteur. Commencée en 1866, l’école mixte du chef-lieu est achevée en 1867. Au rez-de-chaussée se trouvent la salle de classe et le vestibule ; à l’étage, la mairie et le logement de l’instituteur, composé de quatre pièces. Deux poêles en fonte assurent le chauffage du bâtiment. Notons qu’en 1910, le chauffage sera remplacé par le chauffage au charbon. En 1885, l’agencement intérieur est inversé. La mairie « se trouvant très étroite à l’étage », notamment lors des élections, s’installe au rez-de-chaussée et la classe se donne désormais à l’étage. On comprend pourquoi, en 1899, l’instituteur Bouvier juge assez regrettable la proximité du cimetière et surtout celle d’un chemin vicinal assez fréquenté et passant sous les fenêtres de la classe. Les élèves étant distraits par le passage des voyageurs et des voitures !
Etablissement puis construction d’une école de filles, au chef-lieu
« La commune ayant plus de 500 âmes de population doit avoir, aux termes de la loi du 10 avril 1867, une école de filles » (délibération du 25 février 1872). En effet, Eteaux compte alors 690 habitants. En 1874 est ainsi créée une école de filles au chef-lieu. En réalité, le même local est réservé aux garçons et aux filles, une simple cloison séparant les deux classes. La sœur institutrice est logée par une habitante du chef-lieu, sa chambre étant aménagée aux frais de la commune. C’est en 1884 que démarre la construction d’une véritable école de filles (ancienne bibliothèque municipale). L’opération nécessite la canalisation d’un ruisseau passant devant la façade du bâtiment. En 1897, la mairie fera installer un lavoir devant l’église, en indemnité du terrain occupé pour la construction de ce canal. Les travaux sont achevés en décembre 1886, comprenant l’installation complète de l’institutrice et d’un jardin clôturé à son usage. Notons que les pierres de taille utilisées pour ce bâtiment proviennent de la carrière d’Amancy.
Etablissement d’une école mixte au hameau des Crues, puis construction au lieu-dit les Roques
Suite à une pétition des habitants du haut de la commune auprès de la sous-préfecture, en 1868, le projet de création d’une école de hameau est approuvé en octobre 1869. En 1873 s’ouvre ainsi une école mixte au hameau des Crues. Une maison est louée à cet effet par la mairie, abritant aussi le logement de l’instituteur. Le 6 mai 1877, après une vive polémique au sujet de l’emplacement du bâtiment, on décide la construction d’une école au lieu-dit les Roques, endroit jugé le mieux accessible par la majorité des élèves du haut de la commune.
Cette entreprise est reconnue nécessaire, « les écoles du chef-lieu ne pouvant accueillir que 40 élèves chacune ». La préfecture approuve le projet en 1882 et, aux Roques, les travaux s’achèvent en décembre 1886. La construction de l’école des filles et de l’école des Crues entraine un coût estimé à 40 000 francs, inclus le prix des terrains (emprunt de 10 000 francs et subside de 30 000 francs ; délibérations des 7 août 1881 et 19 novembre 1882).
Entretien de ces bâtiments
A partir de 1885, la mairie-école reste ainsi affectée aux garçons. Dès 1887, la commune en assure d’urgentes réparations, notamment à la toiture, et le renouvellement de son mobilier, dont 22 tables-bancs, 3 tableaux noirs et une armoire-bibliothèque. Cette bibliothèque, fondée en 1876, comprend 104 volumes en 1883. Il existe aussi dans l’école un musée scolaire et une caisse d’épargne scolaire, nous précise l’instituteur Bouvier. La place publique sert de cour de récréation et il n’y a pas de préau, en cas de mauvais temps. Par la suite, les trois écoles bénéficient de diverses réparations et améliorations. En 1910, l’école des Crues est équipée d’un calorifère. En 1924-1927, un vaste programme de travaux, réclamé depuis 20 ans, est enfin entrepris. Aucune des trois écoles n’est pourvue de W.C. utilisables et de préau, malgré le climat rude des hivers. On y remédie. L’école des Crues est particulièrement en piètre état : une toiture pourrie, infiltration d’eau dans la classe menacée d’inondation. En février 1926, l’inspecteur ordonne même sa fermeture jusqu’à l’achèvement des réparations. Réclamant désespérément des subventions, la commune se trouve cependant sans le sou, à une époque où les premiers travaux d’électrification et l’empierrement de la route de la Chapelle représente pour elle des charges écrasantes. Vingt-cinq enfants sont ainsi privés d’instruction de fin 1926 à fin 1927, époque où l’école est rouverte (jusqu’en novembre 1926, la mairie avait pu louer une maison voisine inhabitée). Les trois écoles ont également un besoin urgent de mobilier (tables, tableaux noirs, chaises, cartes, armoires, bibliothèques, globe-terrestre). En 1927, une subvention est sollicitée pour ces achats. Enfin, le problème de l’eau potable, dont les écoles mais aussi tous les bâtiments publics et la population sont dépourvus, est soulevé.
A la fin du XIVe siècle, l’instruction publique devient obligatoire, laïque et gratuite
En 1899, malgré l’absence des élèves au moment des récoltes et fenaisons ou lors des grands froids, « on ne compte pas d’enfants restants dans l’ignorance », à Eteaux. La loi du 28 mars 1882 sur l’obligation scolaire (IIIe république) est passée par là. Les matières enseignées sont la lecture et l’écriture, le calcul, la géographie et l’histoire, un peu de gymnastique. On sait aussi qu’au début du siècle, l’enseignement du tir est souhaité par l’Etat et introduit dans les classes (en 1907, la commune demande une aide pour l’achat complet du matériel). Les adultes bénéficient aussi de l’instruction. Dès 1867, la commune finance périodiquement des cours d’adultes pendant l’hiver. L’instruction primaire devient donc obligatoire mais aussi laïque. Les religieuses du couvent de la Charité qui dirigent l’école de filles en 1874 sont rapidement remplacées par une institutrice laïque. les relations entre instituteur laïque, curé et maire sont parfois tendues et cocasses, comme l’atteste une lettre de l’instituteur Veillard (en fonction à l’école d’Eteaux d’octobre 1881 à octobre 1882) à l’inspecteur primaire où finalement il demandera sa mutation pour Chamonix. Enfin, la scolarité devient gratuite. En 1864, les enfants de moins de 7 ans payent leur scolarité 75 centimes par mois, ceux de 7 à 12 ans 1 francs par mois, et les élèves de 13 ans et plus, 1,50 francs par mois. Le conseil municipal, aidé du curé, fixe la liste des enfants admis gratuitement. En 1881, la gratuité totale de l’école publique devient à Eteaux une réalité. Instituée par la loi pour encourager la fréquentation scolaire, la Caisse des écoles vient également en aide aux élèves indigents en leur fournissant livres, fournitures de classe, vêtements et chaussures. En 1901, par exemple, onze enfants en bénéficient. Cette caisse octroi également des récompenses aux élèves appliqués 8livres, livrets de caisse d’épargne). Enfin, par le biais de bourses, la mairie permet aux jeunes de la commune de poursuivre leurs études (en 1906, deux admissions dans des écoles fruitières). D’un point de vue pédagogique, une réforme importante intervient en 1922, la » gémination » des classes (délibérations des 15 octobre 1922 et 26 octobre 1930). De quoi s’agit-il ? La préfecture autorise les maîtres à regrouper les enfants non plus par sexe mais « par âge et degré de développement intellectuel », afin de faciliter les progrès scolaires. Dans cet esprit, le matériel scientifique et la bibliothèque sont placés dans la classe des grands. En 1930, le bilan est très satisfaisant « tant au niveau du travail que de la conduite ». Malgré le regroupement par âge, les filles et les garçons d’une même classe demeurent séparés (travées et bancs distincts). Les filles n’ont ni récréation ni toilettes en commun avec les Garçons. Par ailleurs, on apprend qu’à l’époque, sous la surveillance des maîtres, les enfants peuvent déjeuner à l’école autour d’une grande table et des bancs, mis à disposition par la municipalité. En juin 1931, au chef-lieu, la classe des grands recense 22 élèves (15 garçons et 7 filles) et celle des petits, 27 soit 19 garçons et 8 filles.
L’école de Même
De 1955 jusqu’au début des années 1960, le hameau de Même bénéficie d’une classe unique destinée à décharger l’école des Crues, saturée. A cette fin, la mairie loue une maison à une habitante du hameau.
Les écoles aujourd’hui
Depuis septembre 1994, un seul et nouveau bâtiment au chef-lieu accueillait tous les élèves du primaire, répartis en 3 classes. Jusqu’à lors, l’ancienne bibliothèque municipale était destinée à la classe des plus jeunes et la mairie recevait les grands.
La fréquentation en constante augmentation de l’école du chef-lieu a nécessité son extension. A la rentrée 2003 un nouveau bâtiment est édifié et accueille, deux classes supplémentaires, un atelier pédagogique, une bibliothèque scolaire et en rez-de-parking, une salle de restauration scolaire et un local communal. Le coût final de cette opération est de 950 000 € TTC.
La restauration scolaire et la garderie périscolaire
Suite à la forte demande des parents élèves, la municipalité a mis en place dès 2002, un service de restauration en collaboration avec le collège St Marie à la Roche–sur-Foron.
Un service de car est mis en place pour les enfants de l’école du chef-lieu, déjeunant au collège.
Début 2004, l’association « Goutatout » est crée, avec l’ouverture de l’extension de l’école, et assure le fonctionnement du service de restauration, en collaboration avec la municipalité, par la création d’un poste d’agent de service à temps partiel. Ils sont alors 20 à 30 élèves qui chaque jour bénéficient de ce nouveau service, étendu aux enfants de l’école des Crues par la mise en place d’une navette.
Depuis en moyenne, quotidiennement, 60 enfants bénéficient de ce service, encadré par 4 personnes de l’association et un agent territorial.
Une garderie périscolaire a aussi été crée en 2004, pour pallier aux besoins des familles.
Lors de la rentrée 2009-2010, l’école des Crues, toujours en classe unique, est menacée de fermeture définitive, par l’Académie de Grenoble, dont elle dépend. La volonté de la municipalité et l’attachement des parents d’élèves à vouloir conserver cet établissement, ont su convaincre l’Inspection Académique d’abandonner ce projet, vu l’augmentation du taux de fréquentation pour les années à venir.